Par Bernard Hennebert, journaliste-animateur et collaborateur au Ligueur
1: Fini, la pub!
Je pense qu’il faut opter pour la suppression de la publicité et du sponsoring sur tous les services publics de l’audiovisuel au niveau européen.
Je constate que de plus en plus de voix vont dans ce sens alors que ce n’était guère le cas , il y a quelques années. Surtout en France: Alain de Greef, par exemple.
En Communauté française, de nombreuses études sont financées concernant l’audiovisueL.
Depuis une dizaine d’années, tous les Ministre de l’Audiovisuels qui se sont succédés m’ont adressé une fin de non recevoir à l’idée qu’il faudrait réaliser une enquête scientifique pour découvrir concrètement quelles seraient les conséquences de la suppression de la pub et du sponsoring (et du parrainage politique) à la RTBF. Il faudrait mener cette enquête absolument.
Personnellement, je suis pour une RTBF sans pub, ni sponsoring, même s’il faudrait dès lors limiter le nombre de chaînes radio et TV.
Je m’oppose à l’argument (,non prouvé mais tenace) qui laisse entendre que ses émissions seraient moins regardées. La présence de la pub, au contraire, fait perdre un précieux public au Service public. Il suffit de se rappeler l’augmentation de près d’un tiers des téléspectateurs lorsque “L’Hebdo” fut diffusé dans la foulée du JT de 19H30. Bien entendu, supprimer la pub signifie aussi supprimer de nombreux programmes coûteux qui sont programmés pour tenter de trouver les cibles du public souhaitées par les publicitaires.
Pour rappel, le public belge est friand d’émissions diffusées chez nous à 20H15 (alors qu’elles sont souvent programmées vers 22H dans d’autres pays): Cartes sur table, Faits Divers, Strip-tease, Auntant Savoir, etc.
2: Usagers
Il manque (depuis l’arrêt de l’ATA, le jour où l’euro est né) à notre paysage audio-visuel l’émergence d’associations d’usagers. C’est un contre-pouvoir indispensable.
Il n’existe pratiquement pas d’associations de téléspectateurs ou d’auditeurs conséquentes (qui oeuvrent sur le long-terme et non qui naissent et disparaissent avec une revendication précise) en Europe.
Il y a une série de causes objectives à ce fait. Il faudrait que le “politique” s’interroge sur ce fait et favorise la création de balises qui favoriseraient la naissance de pareilles associations consuméristes.
Voir sur www.consoloisirs: article du “Journal du Mardi” consacré à cette thématique (Vers l’Eurovision des téléspectateurs).
3: Audimat? Qualimat? Ou panel citoyen?
Je m’oppose à l’utilisation systématique par la presse écrite des résultats de l’audimétrie qui sont destinés aux publicitaires et aux diffuseurs… Et pas aux lecteurs, d’autant que ceux-ci ne sont pas informés des limites de ces résultats et risquent de les prendre pour argent comptant.
A quoi bon savoir combien de personnes ont regardé telle émission, si on ne sait pas si elles ont apprécié ou ont été très déçues par ledit programme.
Il faut donc un qualimat. Régulier, pour toutes les émissions des chaînes privées et publiques. Et que son résultats soit (intégralement) diffusé au public (ce qui n’est pas le cas des récentes expériences en ce domaine de la RTBF).
Enfin, ce qui me semble le plus utile, c’est la création d’un panel citoyen et de la médiatisation de ses résultats. Il faudrait l’envisager dans les foulée des travaux de la Fondation pour les Générations futures (voir interview dans Le Soir de Benoit Derenne). Il s’agit de demander l’avis d’un panel de simple téléspectateurs, mais ceux-ci ont été formés à la connaissance des coulisses et des enjeux de l’audio-visuel.
4 : Refinancement
Il faut absolument que la Communauté française finance davantage l’audiovisuel (dotation RTBF, éducation aux médias par les mvts d’éducation permanente, etc.) car, en une vingtaine d’années, l’audiovisuel est devenu le formateur le plus puissant de nos mentalités, jusqu’à la fin de notre vie. Ne pas tenir compte de cette réalité serait suicidaire. Les hommes politiques doivent en tenir compte et faire des choix budgétaires. Ils ont été élus pour résoudre pareils dilemmes.