Depuis 2020, notre système international connaît de profonds bouleversements. La pandémie du Covid-19, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la crise énergétique, le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche et les conflits au Moyen-Orient impactent la stabilité mondiale. L’essor du populisme et de l’extrême-droite renforcent les mutations en cours. De nouvelles alliances se dessinent tandis que le droit international est de plus en plus bafoué. La guerre redevient, pour certains acteurs, un instrument légitime de résolution des conflits.

Face à ces transformations, nos démocraties européennes se retrouvent confrontées à de nombreuses interrogations. Les menaces se multiplient tandis que d’autres s’intensifient, comme la crise environnementale et climatique. Mais l’Europe peine encore à répondre de manière efficace à cet « arc de crises ». Si des investissements massifs dans la défense sont annoncés, la manière de les dépenser reste lacunaire. La vision manque. Ces dépenses, en outre, voient certains enjeux passer désormais au second plan, comme la lutte contre le dérèglement climatique.

Les interrogations de la population sont nombreuses. Régulièrement, dans les sondages, la crainte de voir les conflit russe s’étendre est mis en évidence. La défiance à l’égard de l’administration Trump est tout aussi manifeste. Expliquer le monde actuel et dégager des pistes pour assurer notre sécurité, à divers niveaux, rejoint donc les besoins citoyens.

Face à l’évolution des menaces contemporaines et à la rupture par l’Administration Trump de l’alliance géopolitique entre les États-Unis et l’Europe, élaborer un positionnement en matière de sécurité et de défense du continent ne s’inscrivant pas uniquement dans les seules dépenses militaires est nécessaire. Proposer un nouvel horizon qui prend en compte la transformation de l’ordre mondial, la vulnérabilité accrue de l’Union européenne (UE), en particulier à ses frontières orientales, l’évolution incertaine des relations transatlantiques et la nécessité d’un rôle nettement renforcé pour l’UE est nécessaire. Car pour la première fois depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, l’intégrité de nos pays européens est menacée.

Cette réflexion s’inscrit dans un réalisme géo-stratégique et un engagement écologiste, en intégrant les enjeux industriels, énergétiques et démocratiques dans une approche de la sécurité collective sur le continent européen.

1.Contexte

Les dérèglements du monde appellent un véritable sursaut de conscience.

Dans un paysage géopolitique en pleine mutation, et singulièrement depuis février 2022, celles et ceux qui revendiquent des racines pacifistes sont confrontés à de nouveaux défis sécuritaires. Les menaces auxquelles nous faisons face sont désormais plurielles, hybrides et diffuses.

La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine a mis en lumière les vulnérabilités profondes de l’Union européenne en matière de sécurité, qu’il s’agisse de dépendances énergétiques, de capacités militaires limitées ou encore de la fragilité de l’alliance transatlantique. Ses conséquences civiles, politiques et stratégiques ont profondément changé le débat public.

Quelle que soit l’issue militaire de ce conflit, la persistance de la menace aux frontières immédiates de l’UE appelle à une réévaluation des priorités sécuritaires, dans une logique de résilience et d’anticipation. Il est impératif de construire une architecture de défense qui conjugue solidarité européenne, autonomie stratégique et protection des populations.

Outre-Atlantique, l’élection de Donald Trump pour un second mandat accentue la rupture entre les États-Unis et l’Union européenne. Pour la première fois, nous devons envisager une Europe sans la garantie automatique du parapluie sécuritaire américain sous l’égide de l’OTAN. Quelques semaines à peine après le début de son second mandat, Trump a non seulement réhabilité le dialogue direct avec Poutine, en contournant l’Ukraine, en insultant son Président et en exerçant un chantage pour l’accès à ses terres rares mais il a également menacé la souveraineté de certains États membres de l’UE et de l’OTAN, comme le Danemark à propos du Groenland. Il a affiché son soutien à des figures d’extrême-droite en Europe et critiqué durement certains États membres comme la Roumanie, contribuant ainsi à une dynamique de déstabilisation interne à l’Union. Il a exigé une augmentation des dépenses militaires des membres de l’OTAN jusqu’à 5 % du PIB et menacé de quitter l’OTAN en l’absence de ces investissements. Cette nouvelle surenchère impose une adaptation rapide de la stratégie de sécurité européenne : nonobstant les réserves historiques des écologistes sur « l’atlantisme », nous ne pouvons plus nous reposer sur une alliance incertaine, mais devons renforcer notre propre capacité de défense et de résilience.

Cette réflexion traverse une bonne partie des mouvements du monde associatif, aussi bien ceux historiquement pacifistes que les ONG engagées dans la protection des droits humains ou des sujets environnementaux, chaque acteur devant conjuguer son histoire et ses engagements avec les réalités d’un monde où la sécurité et la défense ne peuvent plus être laissées aux seules puissances militaires traditionnelles. Les réponses données par les autorités publiques restent de leur côté insérées dans une conception classique de la défense via l’augmentation des moyens. Or, la hausse importante annoncée des moyens se couple à une volonté de réduire les budgets dans d’autres secteurs, créant de nouvelles insécurités. L’horizon proposé reste aussi enfermé dans une architecture de sécurité qui ne remet guère en question les rôles et institutions toujours en place. Pourtant, la situation actuelle implique une réévaluation des rôles respectifs de la Belgique, de l’Union européenne et de l’OTAN, ainsi qu’une approche budgétaire plus ambitieuse et cohérente.

2. Que faire face au rapprochement Trump – Poutine ?

Le retour au pouvoir de Donald Trump, en janvier 2025, représente un tournant important. Depuis sa réélection, le nouveau président des États-Unis et son administration n’ont cessé de jouer sur des déclarations chocs et des mesures déstabilisants l’ordre international que nous connaissons. L’Europe, et son modèle, sont notamment dans le viseur américain. Alors que depuis plus de cinquante ans, les Européens se sont reposés sur la protection de Washington, pour la première fois la possibilité d’être abandonné par les État-Unis en cas d’agression devient une réalité. La Conférence de Munich sur la sécurité (14-16 février 2025) a mis en lumière un tournant majeur dans la politique étrangère américaine. L’administration Trump a confirmé son retrait progressif de l’architecture de sécurité européenne, tandis qu’un sommet d’urgence—auquel la Belgique n’a pu participer que dans un second temps—s’est tenu à Paris, en réaction aux négociations de paix menées par Washington avec Moscou en Arabie saoudite.

Le président américain a clairement indiqué que la sécurité de l’Europe ne constitue plus une priorité pour les États-Unis. Après un appel téléphonique impromptu entre Trump et Poutine, le secrétaire à la Défense Hegseth a affirmé que les “réalités stratégiques” empêchaient désormais Washington de se focaliser principalement sur l’Europe. Il a ajouté que les États-Unis n’accepteraient plus un partenariat jugé déséquilibré avec leurs alliés. Lors de la Conférence de Munich, le vice-président J.D. Vance a accentué la rupture en décrivant l’Europe comme un continent “égaré”, remettant en question l’intérêt du soutien américain “alors que l’UE impose des restrictions sur la liberté d’expression” (en référence notamment à la décision de la Cour Constitutionnelle roumaine, qui a interrompu le processus d’élection présidentielle en raison de soupçons de manipulation). Hegseth a également annoncé un retrait progressif des troupes américaines stationnées en Europe.

Face à ce désengagement, Emmanuel Macron a convoqué un sommet d’urgence rassemblant plusieurs dirigeants européens. Tous les États membres de l’UE n’ont cependant pas été conviés. Parmi les présents figuraient les chefs de gouvernement de la France, l’Allemagne, la Pologne, l’Espagne, l’Italie, les Pays-Bas, le Danemark et… le Royaume-Uni, ainsi que les présidents de la Commission européenne, du Conseil européen et le Secrétaire général de l’OTAN.

Contrairement aux premières réactions hésitantes, des décisions concrètes ont émergé. La Commission européenne a annoncé un plan massif de 800 milliards d’euros pour renforcer la défense européenne, avec 150 milliards d’euros en prêts dédiés au réarmement. Berlin a également prévu des investissements sans précédent dans son armée, avec le soutien probable des écologistes pour garantir la majorité des deux tiers. Ursula von der Leyen a insisté sur la nécessité d’exempter les dépenses de défense des contraintes budgétaires européennes.

Malgré cette prise de conscience, l’Europe reste divisée sur l’ampleur des efforts à fournir. Seul le Royaume-Uni s’est déclaré prêt à envoyer des troupes dans une mission de maintien de la paix, avec un soutien logistique américain. Mais constatons qu les prises de positions et les lignes évoluent régulièrement.

Sur le front ukrainien, Trump se présente comme un médiateur, mais ses actions et déclarations trahissent un fort biais pro-russe. Il a directement négocié avec Moscou sans impliquer ni l’Ukraine ni l’UE, concédant à Poutine des avantages majeurs avant même le début des pourparlers. Son “offre” à Zelensky d’un contrat minier s’apparentait à une manœuvre néo-coloniale, tandis que des négociations bilatérales américano-russes sur l’avenir de l’Ukraine ont été annoncées fin février, sans Kyiv à la table des discussions.

Le 4 mars 2025, Washington a suspendu son aide militaire à l’Ukraine, un choc majeur pour Kyiv et ses alliés européens. Toutefois, le 11 mars, cette aide a été rétablie, conditionnée à l’acceptation par l’Ukraine d’un cessez-le-feu temporaire de 30 jours. Cette volte-face illustre l’imprévisibilité de la politique étrangère américaine et la nécessité pour l’Europe de ne plus dépendre exclusivement de Washington pour sa sécurité et celle de ses alliés. Depuis lors d’autres épisodes ont abouti à un accord compensant l’aide américaine apportée à l’Ukraine à un accès aux terres rares de son territoire pour les entreprises US.

Ce basculement démontre que le “parapluie nucléaire” américain n’est plus une garantie face à la menace russe. Désormais, l’avenir de l’Ukraine et la sécurité de l’Europe sont indissociables.

La question se pose : quelles autres concessions Trump est-il prêt à accorder à Poutine ? L’histoire a démontré que les politiques d’apaisement face aux régimes autoritaires mènent inévitablement à plus d’agressions. Si l’Europe ne réagit pas avec force et rapidité au retrait américain, elle s’expose à une vulnérabilité accrue face aux ambitions impérialistes de la Russie.

L’Union européenne doit donc sortir de sa posture attentiste. L’histoire bascule sous nos yeux, et nous ne pouvons plus nous permettre d’être de simples spectateurs. L’Europe doit prendre son destin en main.

3. Sécurité et protection : une approche intégrée

La responsabilité première d’un acteur politique responsable demeure, en particulier dans un contexte de mutations profondes, d’assurer la sécurité du pays et de ses citoyens, tout en préservant les valeurs fondamentales de notre société : la démocratie, les droits humains et l’État de droit.

Il ne s’agit pas uniquement de défendre la souveraineté et les frontières d’un État, mais bien de garantir une sécurité globale des populations. Cette approche, qui est d’ailleurs intégrée dans le concept de sécurité collective défini par l’OTAN, considère la protection des Belges et des Européens sous un prisme plus large. Il s’agit d’anticiper et de réagir aux menaces émergentes qui se combinent de manière inédite et qui englobent :

  • Les menaces hybrides, mêlant cyberattaques, manipulation de l’information (notamment via les réseaux sociaux aux mains de quelques milliardaires américains ou chinois qui peuvent déstabiliser nos démocraties européennes) et atteintes aux infrastructures critiques (réseaux énergétiques, télécommunications, ports stratégiques, voir point 5 ci-dessous).
  • La crise climatique, qui constitue un multiplicateur de conflits en aggravant la vulnérabilité des populations et en accentuant les tensions géopolitiques liées aux ressources.
  • Les risques terroristes, qu’ils émanent de mouvances islamistes radicales, de l’extrême-droite ou de nouvelles formes de radicalisation.

La pandémie de COVID-19 a démontré l’interconnexion profonde entre sécurité interne et externe. La Belgique, en tant que siège de l’UE et de l’OTAN, doit jouer un rôle moteur dans la construction d’une culture de la sécurité intégrée. Cela implique une meilleure coordination des forces armées et une mutualisation des capacités européennes, mais aussi une implication des acteurs civils (société civile, entreprises, monde académique) pour bâtir une résilience collective face aux menaces.

Cette démarche ne doit en aucun cas aboutir à une militarisation de la société, mais bien à une prise de conscience accrue de risque nouveaux et à la mise en place des stratégies nécessaires pour les anticiper, les empêcher ou en limiter les dégâts sans mettre en péril ni la démocratie ni les autres politiques d’investissement et de protection sociale. La sécurité moderne doit être fondée sur la coopération, la prévention et la solidarité plutôt que sur une logique de confrontation systématique.

4. Identification des menaces

4.1. Menaces étatiques conventionnelles et hybrides

Les tensions croissantes entre grandes puissances fragilisent l’environnement sécuritaire mondial. L’agression russe en Ukraine illustre une montée en puissance des stratégies militaires classiques et hybrides, réaffirmant l’importance de la puissance militaire au service d’intérêts nationaux. Ces tensions ne se limitent pas à l’Europe : en Asie du Sud-Est, la Chine renforce son expansionnisme, notamment à Taïwan, et les alliances fluctuantes au Moyen-Orient aggravent l’instabilité.

Le retour de la menace nucléaire est un facteur de déstabilisation majeur. La Russie a explicitement brandi l’arme atomique comme un levier stratégique, a quitté le traité New START et a stationné des armes nucléaires en Biélorussie. Par ailleurs, la modernisation des bombes nucléaires américaines en Europe, y compris en Belgique, abaisse potentiellement le seuil d’utilisation de ces armes, augmentant le risque d’escalade.

L’OTAN joue un rôle central dans la dissuasion militaire, mais l’organisation fait face à des défis internes : l’absence de mécanisme en cas de tensions entre États membres (comme celles entre la Turquie et la Grèce), la menace explicite de Trump envers le Danemark mais également sa menace implicite de quitter l’Organisation ou de ne pas respecter la clause de défense collective, exprimant à la fois sa vision isolationniste  et  ses ambitions commerciales, exposent les fragilités du Traité. Une défense européenne renforcée, dans ou hors de l’OTAN, devient essentielle pour garantir une sécurité collective stable mais également pour peser dans le débat sécuritaire.

Par ailleurs, les menaces hybrides se multiplient. Les cyberattaques contre des infrastructures critiques (énergie, eau, télécommunications, moyens de transport, hôpitaux) sont utilisées comme armes de déstabilisation. Les campagnes de désinformation, telles que celles orchestrées par la Russie ou la Chine, et la dérégulation des réseaux sociaux (de X à Facebook en passant par TikTok) comme leur utilisation dans un but d’influence l’opinion publique, visent à fracturer les démocraties européennes et à affaiblir les forces progressistes. Et l’exploitation des avancées en intelligence artificielle pour créer des fermes à bots et manipuler l’opinion publique représente une menace supplémentaire directe pour la stabilité politique.

4.2. Menaces environnementales

Le changement climatique constitue un multiplicateur de menaces : il intensifie les conflits existants, exacerbe les tensions sociales et met en péril les infrastructures vitales. Les inondations de 2021 en Belgique ont illustré ces risques concrets. À l’échelle européenne, la montée des eaux, les sécheresses et les incendies accroissent l’instabilité économique et politique. D’ici 2050, les catastrophes naturelles pourraient provoquer des déplacements massifs de populations, alimentant les tensions géopolitiques et humanitaires.

L’impact environnemental sur la sécurité est également stratégique. L’accès aux ressources en eau, aux terres rares comme aux terres arables devient un enjeu central dans certaines régions comme le Sahel, où les sécheresses nourrissent les conflits armés, ou l’Ukraine, dont les ressources naturelles font l’objet de la convoitise de la Russie comme des États-Unis. L’Europe doit anticiper ces crises en intégrant pleinement les risques climatiques dans ses stratégies de défense et en investissant dans la résilience territoriale.

4.3. Menaces technologiques

Les avancées en big data, intelligence artificielle et informatique quantique ouvrent de nouveaux champs d’opportunités, mais aussi de menaces. Les cyberattaques deviennent plus sophistiquées et destructrices, mettant à mal la résilience des infrastructures numériques critiques.

Sur le plan militaire, l’émergence de nouvelles armes technologiques nécessite une régulation stricte :

  • Systèmes d’armes létaux autonomes (LAWS) : l’absence de contrôle humain direct pose un défi éthique et stratégique.
  • Armes hypersoniques : réduisant les délais de riposte, elles remettent en question les doctrines de dissuasion classiques.
  • Armes à énergie dirigée (laser, micro-ondes) : leurs applications potentielles dans la guerre électronique nécessitent un encadrement strict.
  • Drones autonomes et essaims de drones : leur multiplication et leur facilité d’accès les rendent particulièrement dangereux dans tous les types de conflits.

L’Europe peut prendre l’initiative d’un cadre réglementaire international pour prévenir la prolifération incontrôlée de ces nouvelles armes et garantir leur usage dans un cadre conforme au droit international. Nous devrons aussi faire en sorte qu’elles soient inefficaces ou inopérantes pour dissuader de les employer.

5. Identification des sites les plus exposés aux menaces

Ces menaces ont des conséquences directes sur la Belgique et ses infrastructures. Notre pays héberge de nombreuses institutions internationales. Nous avons également sur notre territoire des outils économiques, énergétiques, industriels et autres importants, pouvant être une cible potentielle. Inclure donc ces éléments dans l’approche sécuritaire générale est fondamental. Parmi les sites les plus exposés aux menaces figurent les infrastructures suivantes :

5.1. Anvers

Le Port d’Anvers, deuxième plus grand d’Europe, constitue une infrastructure critique pour la Belgique et l’UE. Sa superficie de plus de 120 km², sa proximité avec la mer et son interconnexion avec des ports intérieurs tels que celui de Liège via le canal Albert le rendent particulièrement vulnérable. Ce port (et ses voies d’accès maritimes, fluviales et terrestres) est une cible potentielle pour diverses menaces : cyberattaques, infiltrations criminelles, attaques terroristes ou sabotage.

L’utilisation de drones pour renforcer la surveillance et la sécurité du port est en cours d’expérimentation, mais leur vulnérabilité face à des drones hostiles interroge. Faut-il renforcer la défense aérienne avec un système anti-drones ? Il s’agira également d’ajouter des couches supplémentaires de sécurité couvrant l’espace maritime, aérien, terrestre et cyber et combinant divers moyens. À l’échelle de la Belgique, des bulles de protection locales se combineront avec une protection régionale, nationale et multinationale.

Le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) de Zeebruges représente un autre point sensible, où une attaque pourrait entraîner de graves perturbations énergétiques.

5.2. Éoliennes en mer du Nord

Contrairement aux plateformes pétrolières, qui peuvent stocker leurs ressources et dont les États disposent de réserves stratégiques, les fermes éoliennes alimentent directement le réseau électrique. Chaque unité de production, ainsi que les câbles sous-marins et sous-stations, sont exposés à des attaques pouvant provoquer des coupures massives d’électricité.

À terme, les conflits autour des ressources pétrolières du XXe siècle pourraient être remplacés ou complétés par des tensions autour des énergies renouvelables. La sécurisation de ces infrastructures devient un enjeu stratégique pour la résilience énergétique.

5.3. Centrales nucléaires, sites Seveso et grands événements

Les centrales nucléaires et les sites industriels Seveso sont des cibles privilégiées en raison de leur potentiel destructeur en cas d’attaque ou de sabotage. La Belgique, avec plusieurs centrales nucléaires en activité, doit renforcer leur protection face aux menaces hybrides, mais aussi les sabotages, le terrorisme voire les armes conventionnelles.

Les grands événements (tels que le furent les Jeux Olympiques de Paris) posent également un défi sécuritaire. La gestion de la sûreté repose sur un continuum entre les forces militaires, la police, les pompiers et la sécurité civile, ainsi que l’utilisation accrue des nouvelles technologies de surveillance et la mobilisation de milliers de bénévoles.

5.4. Institutions européennes et OTAN

Bruxelles, siège des institutions de l’UE et de l’OTAN, est une cible stratégique pour les cyberattaques, l’espionnage et les opérations de déstabilisation. La région est régulièrement ciblée par des campagnes de désinformation et doit renforcer ses défenses contre ces nouvelles menaces.

5.5. Aéroports

Après avoir été visé par des attaques terroristes en 2016, l’aéroport de Zaventem demeure un site sensible nécessitant une vigilance constante. Il s’agit d’un hub stratégique pour la Belgique et l’Europe, qui pourrait être vulnérable aux cyberattaques, au trafic de drogue, au sabotage et au terrorisme. Mais il n’est pas le seul : les aéroports de Liège et Charleroi, en plein essor, représentent aussi des infrastructures critiques.

5.6. Infrastructures ferroviaires et de transport

Les réseaux ferroviaires reliant la Belgique au reste de l’Europe (Eurostar, Thalys, Intercity) sont des cibles potentielles pour des attaques physiques et cybernétiques. Quatre camions en feu et le ring de Bruxelles est à l’arrêt. Un navire en panne bloque le canal de Suez, c’est aussi valable pour l’Escaut et Anvers ou un des canaux qui traversent la Belgique. La gestion de leur sécurité repose sur une coopération accrue entre États et une modernisation des protocoles de surveillance.

5.7. Infrastructures du réseau énergétique

Les réseaux électriques et gaziers, notamment les interconnexions transfrontalières, sont des maillons critiques de la résilience énergétique. La protection contre les cyberattaques et le sabotage devient une priorité stratégique pour garantir la stabilité de l’approvisionnement énergétique de la Belgique et de l’UE.

5.8. Infrastructures hospitalières et sanitaires

Les infrastructures hospitalières sont devenues des cibles privilégiées des cyberattaques, comme l’ont démontré plusieurs incidents récents en Belgique et ailleurs en Europe. Les hôpitaux, fortement dépendants des systèmes numériques pour la gestion des dossiers médicaux, la coordination des soins et le fonctionnement des équipements médicaux, sont particulièrement vulnérables aux ransomwares et aux attaques visant à paralyser leurs services.

Outre la menace cybernétique, les hôpitaux sont aussi des infrastructures critiques en cas de crise majeure (attaque terroriste, catastrophe naturelle ou pandémie). Leur bon fonctionnement est essentiel à la résilience nationale. Or, une attaque ciblée pourrait compromettre la prise en charge des patients mais aussi générer une panique et une crise de confiance dans le système de santé.

Face à ces risques, il devient impératif de renforcer la cybersécurité des infrastructures hospitalières, de moderniser les protocoles de défense et d’assurer une coordination accrue entre les services de santé et les autorités de cybersécurité. L’investissement dans des systèmes de sauvegarde robustes et l’entraînement des personnels à la gestion de crise informatique doivent devenir une priorité stratégique pour garantir la continuité des soins en toutes circonstances.

5.9. Infrastructures liées à la fourniture d’eau

L’approvisionnement en eau potable est une infrastructure critique, vulnérable à des attaques physiques, chimiques et cybernétiques. Une contamination volontaire ou un sabotage des stations de traitement pourrait provoquer une crise sanitaire majeure, tandis qu’une cyberattaque sur les systèmes de gestion pourrait perturber la distribution à grande échelle.

Menaces principales :

  • Attaques physiques : Sabotage des stations de pompage et réservoirs.
  • Contamination : Introduction d’agents chimiques ou bactériologiques dans le réseau.
  • Cyberattaques : Piratage des systèmes de gestion de l’eau, perturbant le traitement et la distribution.

Mesures à renforcer :

  1. Sécurisation physique des infrastructures critiques.
  2. Surveillance accrue des réseaux contre toute contamination.
  3. Cybersécurité renforcée des systèmes de gestion et de contrôle.
  4. Plans de crise incluant stocks d’eau de secours et coordination des services d’urgence.

L’accès à une eau potable sûre est un enjeu stratégique. Renforcer sa protection est essentiel pour éviter toute crise majeure.

6.Défense belge

6.1. Situation actuelle

Après des années de désinvestissement en matière de Défense, la Belgique occupait en début de législature l’avant-dernière place parmi les pays membres de l’OTAN en matière de dépenses militaires, juste avant le Luxembourg avec 1,18% du PIB.

L’accord de Gouvernement Vivaldi prévoyait ceci : « les investissements dans la Défense doivent être poursuivis dans une vision à long terme. Le gouvernement poursuivra et actualisera la mise en œuvre de la vision stratégique de la défense et de la loi de programmation militaire. Le gouvernement examine comment tracer une trajectoire de croissance d’ici à 2030, afin de réaligner notre effort de défense sur celui des alliés européens non nucléaires de l’OTAN ».

Sur cette base et sur la proposition de la Ministre de la Défense, le Gouvernement a adopté le Plan Star, visant à définir la stratégie de défense d’ici 2030 en termes d’objectifs et de moyens d’investissements, de personnel et d’opérations. Cet exercice était nécessaire en raison de problèmes aigus à la Défense (pénurie de personnel), de la perte de crédit de la Belgique au plan international et de la détérioration de la situation internationale en matière de sécurité.

Le Gouvernement a ainsi approuvé en 2022 une trajectoire de croissance budgétaire jusqu’en 2030 compris, avec pour objectif d’atteindre les 1,54% du PIB, soit 10 milliards supplémentaires cumulés (alors qu’un alignement sur les dépenses des autres pays de l’OTAN non-nucléaires aurait dû nous mener à une trajectoire de 1,74 % d’ici 2030).

Cette augmentation du Budget Défense étant inscrite dans l’accord du Gouvernement VIVALDI et résultait d’un compromis évitant d’empiéter sur d’autres politiques sociales et environnementales, refusant l’achat de F35 supplémentaires et d’une 3ème frégate malgré la pression de l’OTAN et prévoyant d’orienter les moyens nouveaux vers le personnel et vers des investissements duaux – utiles d’un point de vue militaire et d’un point de vue civil – avec une coordination renforcée avec les autres pays européens notamment, en refusant toute dépense en matière de nucléaire militaire et d’armes létales autonomes, en s’assurant que ces dépenses puissent être absorbées par l’industrie européenne et la renforcer. Les écologistes, membres de la coalition Vivaldi, ont également exigé dans ce cadre une trajectoire similaire d’investissement en matière de coopération au développement par la Belgique.

Suite à la guerre d’agression de la Russie à l’égard de l’Ukraine, la pression interne (VLD et MR) et externe (OTAN, sommet à Madrid en juin 2022) a augmenté sur l’accélération de ces investissements militaires. Elle s’est notamment traduite en mars 2022 par un engagement supplémentaire d’un milliard d’euros (« readyness ») destinés surtout à l’achat de munitions utilisables rapidement, ainsi que la confirmation en juin 2022 de l’intention de la Belgique, déjà exprimée sous le Gouvernement Di Rupo en 2014 (Pays de Galles), de tendre progressivement vers un investissement militaire de 2 % du PIB.

La question du personnel est primordiale alors que la Défense belge fait face à de nombreux défis. Les effectifs ont considérablement diminué en raison des départs massifs à la retraite et d’un faible recrutement causé par la période de paix prolongée post-Guerre froide et les impératifs budgétaires liés à l’accord de Maastricht. La concurrence du secteur privé, notamment dans les domaines technologiques (cybersécurité, drones), ainsi que d’autres métiers de la sécurité (police, gardiennage) accentue cette difficulté. En conséquence, la Défense peine à maintenir ses opérations courantes et à répondre aux crises, tandis que la perte de savoir-faire et de compétences critiques fragilise ses capacités opérationnelles.

Les conditions de formation sont souvent jugées trop exigeantes (rusticité, éloignement des familles) et le manque de perspectives de carrière et de reconnaissance entraîne un taux d’abandon élevé durant les premières phases de formation. C’est pourquoi le plan STAR adopté sous la coalition Vivaldi prévoyait le recrutement de 10 000 militaires en quatre ans pour remédier à ce déficit.

Par ailleurs, la Défense souffre d’un manque d’instructeurs qualifiés. Le départ de nombreux militaires expérimentés n’a pas été compensé par des recrutements ou formations internes suffisantes. Les instructeurs disponibles sont surchargés, impactant directement la qualité des nouvelles recrues et leur préparation aux menaces modernes (cyberattaques, drones, guerre hybride).

Les infrastructures militaires sont également vieillissantes. De nombreuses casernes et bases sont obsolètes, manquent d’entretien et ne répondent plus aux standards modernes de vie et de formation. Les conditions de logement et d’entraînement des militaires sont parfois jugées indignes, réduisant encore l’attractivité du métier.

Enfin, les stocks de munitions et d’équipements ont été considérablement réduits par des années de rigueur budgétaire. La difficulté de la Belgique à fournir une aide en munitions à l’Ukraine en est la preuve. Cette situation met en évidence une vulnérabilité accrue en cas d’escalade militaire et une dépendance excessive aux fournisseurs étrangers, compromettant notre autonomie stratégique. C’est également ce qui a justifié les réinvestissements décidés dans le cadre du Plan Star.

Situation capacitaire à développer selon les normes actuelles de la Défense

  • Air : Modernisation avec les F-35, participation au programme européen SCAF, développement de drones militaires, et renforcement de la capacité de transport aérien avec l’A400M.
  • Terre : Programme CaMo (Capacité Motorisée) avec la France.
  • Marine : Acquisition de frégates et drones sous-marins pour renforcer la sécurité maritime.
  • Cyberdéfense: création d’un Commandement de la Cyberdéfense.
  • Renseignement militaire: coopération accrue avec les partenaires européens.

6.2. Objectifs à atteindre

L’objectif principal est de renforcer l’intégration européenne des capacités militaires belges en rationalisant les moyens et en optimisant la coopération entre États membres. Cela implique un investissement accru dans les effectifs (surtout les profils qualifiés, notamment en cyberdéfense, en renseignement, en logistique, en médecine, dans le génie civil), la formation, la modernisation des équipements et casernes, et la préparation aux menaces modernes (cyberattaques et drones).

Le gouvernement Arizona adopte cependant une approche incohérente et contre-productive en matière de défense, en allongeant l’âge de départ à la retraite des militaires jusqu’à 67 ans, ce qui compromet le renouvellement et l’attractivité des forces armées alors même que les défis sécuritaires exigent des troupes qualifiées et opérationnelles. Parallèlement, en persistant dans la volonté d’acheter de nouveaux F-35 à Lockheed Martin, il renforce la dépendance aux États-Unis et affaiblit la souveraineté industrielle européenne, au lieu d’investir dans des programmes aéronautiques européens tels que le SCAF ou le Tempest. Cette orientation budgétaire est d’autant plus contestable qu’elle repose sur des privatisations d’actifs stratégiques, notamment dans le secteur bancaire, et sur des coupes dans la sécurité  sociale, révélant une vision déséquilibrée qui affaiblit le tissu social sans pour autant garantir une défense crédible et autonome. Plutôt que d’adopter une logique de militarisation désordonnée et inefficace, la Belgique devrait s’inscrire dans une vision intégrée de la sécurité européenne, combinant souveraineté industrielle, protection des infrastructures stratégiques et renforcement des capacités humaines, afin de construire une défense réellement indépendante et adaptée aux enjeux du XXIe siècle.

6.3. Budget

L’évolution budgétaire de la Défense belge reste évidemment un enjeu clé pour assurer sa modernisation et sa capacité opérationnelle. Actuellement, la Belgique reste en dessous des objectifs fixés par l’OTAN, mais plusieurs plans visent à combler ce retard :

  • 2023 : 1,1 % du PIB.
  • 2024 : 1,24 %.
  • Objectif Vivaldi : 1,57 % du PIB d’ici 2030 (grâce au plan Star) et continuation de la trajectoire vers 2 % en 2035 (lettre à l’Otan).
  • Objectif Arizona : 2 % du PIB d’ici 2029 et 2,5 % pour 2034, qui pourraient être financés notamment par une revente de participation stratégique de la Belgique (Bpost, Ethias, BNP Paribas voire Belfius ?). Mais le nouveau Ministre de la Défense plaide pour un effort supplémentaire – dont on ignore comment il serait financé par ailleurs – et parle d’atteindre l’objectif de 2 % dès 2025.

Actuellement, le budget de la défense belge s’élève à 8 milliards d’euros. Pour atteindre l’objectif de 2%, il devrait être porté à  12 milliards d’euros, soit une augmentation de 4 milliards d’euros dès cette année.  Selon le ministre du Budget, l’on discuterait désormais de 17,2 milliards cumulés d’investissements supplémentaires sur 4 ans.

L’accélération des investissements dans la Défense permettra d’assurer une montée en puissance de ses capacités et garantir son autonomie stratégique dans un contexte géopolitique en pleine évolution. Quel que soit son niveau, elle doit cependant s’inscrire dans un cadre le plus intégré possible au niveau européen, le plus dual possible en fonction des besoins civils, dans un rythme soutenable pour l’industrie européenne, avec la perspective de renforcement du tissu industriel belgo-européen mais aussi de l’autonomie européenne à l’égard de grandes puissances, dont les USA, en respectant un cadre éthique strict, notamment par rapport à la non-prolifération.

Par ailleurs, les partis progressistes critiquent le tabou du gouvernement Arizona concernant le refus d’augmenter des recettes fiscales pour financer ces budgets supplémentaires. La hausse des investissements militaires risque de servir de prétexte pour couper dans les budgets de la sécurité sociale alors que d’autres pistes sont possibles comme une hausse des recettes de la fiscalité sur le capital et sur les grands patrimoines. La vente des participations publiques est également critiquée  car elle aura pour conséquence une perte d’influence stratégique de l’État et une diminution des recettes à moyen et long terme pour l’état (via une baisse des dividendes).

7. Défense européenne : quelle défense dans quel OTAN ?

7.1. Une doctrine européenne

Face  au possible retrait américain, l’Union Européenne doit aller au-delà de sa fragmentation et pallier l’insuffisante interopérabilité entre ses forces armées. Malgré des dépenses de défense évaluées en 2024 à 326 milliards €[1], soit bien plus que la Russie (environ 130 milliards € ), les efforts de mutualisation restent chez nous insuffisants.

 

 

En d’autres termes, ce n’est pas tant qu’on ne dépense pas assez ; mais surtout qu’on dépense très mal et qu’on pourrait faire davantage avec les mêmes moyens. Nous ne manquons pas tant d’argent, mais plutôt d’intelligence stratégique car l’UE souffre d’un manque d’économies d’échelle et de coordination. Nous sommes face à un terrible patchwork avec trop de doublons : les États membres utilisent ainsi au moins 15 types de chars différents, là où l’armée américaine en utilise qu’un seul (l’Abrams). Elle doit également définir une doctrine militaire cohérente :

  • Quelle place pour les forces spéciales européennes ?
  • Quelle portée géographique pour les frappes militaires ?
  • Quelle est la stratégie de sortie de crise ?
  • Quid de la poursuite des efforts de désarmement en matière nucléaire ?
  • Quelles règles éthiques et/ou d’engagement par rapport au nouveau matériel autonome ?

Les nombreuses recommandations concrètes du rapport Niinistö[2] sur le Renforcement de la préparation et de l’état de préparation civile et militaire de l’Europe doivent guider le travail sur le Livre blanc, car il propose une approche complète et holistique de la préparation, couvrant les dimensions civiles et militaires ; le rapport souligne que l’UE ne dispose d’aucun plan pour faire face à une agression armée contre un État membre et qu’elle manque actuellement d’une capacité globale pour coordonner efficacement l’ensemble des ressources européennes en cas de crise.

7.2. Quel OTAN ?

Les États-Unis n’ont aucun intérêt à quitter l’OTAN, qui demeure un levier stratégique majeur pour leur influence mondiale. Cependant, de son côté, l’UE est encore trop dépendante de cette alliance, et surtout des USA. Les pressions américaines pour une augmentation des budgets de défense européens et l’achat d’équipements américains posent un dilemme stratégique à l’UE. Pragmatiquement, trois options principales se dessinent aujourd’hui :

  • Tout miser sur l’OTAN : Accepter les conditions américaines et maintenir une dépendance structurelle. Pour les écologistes et les mouvements pacifistes, cette option de délégation de notre sécurité à l’Amérique de Trump est suicidaire.
  • OTAN et bilatéral à la carte : Renforcer certaines coopérations militaires européennes en parallèle de l’OTAN. Cette option est plus que probablement insuffisante.
  • OTAN + UE : Construire progressivement une autonomie stratégique européenne tout en restant dans l’OTAN, afin d’endiguer le risque réel d’un désengagement américain progressif ou brutal. Entre-temps, il serait souhaitable de bâtir un OTAN « plus européen », notamment en y nommant un représentant permanent de l’UE (y compris au sein du comité militaire).

Toutefois, même si plusieurs milliers de soldats américains sont encore stationnés en Europe, il semble réaliste aujourd’hui d’acter le « coma » du partenariat transatlantique. Pas tant pour des raisons idéologiques, mais plutôt vu la nouvelle réalité géo-stratégique. En effet, l’appartenance à l’OTAN n’offre plus les garanties de sécurité promises autrefois. Qui peut garantir qu’un président comme Donald Trump respecterait l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord et déclencherait une riposte collective si un État membre était attaqué ? Qui peut sincèrement penser que cette administration viendrait en aide aux pays baltes ou à la Pologne en cas d’agression russe, alors qu’elle est prête à lâcher l’Ukraine au gré de ses intérêts directs ? La réalité est cruelle : cette incertitude est également partagée par le Kremlin qui perçoit la vulnérabilité de l’Europe et pourrait chercher à l’exploiter. Jamais la menace d’une guerre au sein des frontières européennes n’a été aussi élevée, et, parallèlement, jamais notre capacité de dissuasion n’a été aussi faible. L’illusion d’un parapluie sécuritaire garanti par les États-Unis s’est dissipée, et il appartient donc désormais aux Européens d’assumer leur propre défense.

7.3. Une industrie de la défense européenne

L’industrie de défense européenne est marquée par une fragmentation qui limite son efficacité. La duplication des systèmes d’armement et l’absence d’interopérabilité entre les forces armées des États membres réduisent l’efficacité des investissements de 326 milliards d’euros annuels.

Un effort de consolidation est donc essentiel, à l’image de la réussite commerciale d’Airbus pour la consolidation de l’industrie aéronautique européenne. La défense européenne pourrait se structurer autour de programmes communs tels que :

  • Le SCAF (Système de Combat Aérien du Futur) pour unifier les capacités aériennes.
  • Le programme Eurodrone pour une souveraineté technologique accrue.
  • Le projet de char européen pour harmoniser les forces terrestres.

L’objectif serait de renforcer l’autonomie stratégique de l’UE tout en évitant une duplication inutile des efforts au sein de l’OTAN. À ce sujet, le rôle de l’Agence Européenne de Défense pourrait être renforcé, sous contrôle démocratique.

8. Les trois piliers d’une politique verte de défense européenne

De façon générale, une Europe de la Défense s’inscrivant dans un horizon systémique, incluant l’ensemble des menaces et agissant à divers niveaux, s’inscrirait dans une politique :

  1. qui protège d’abord ses populations ;
  2. qui vise une autonomie énergétique complète, libérée des importations massives d’énergies issues de régimes autoritaires ;
  3. qui repose sur un socle démocratique fort.

8.1. Vers une Union européenne de la Sécurité

Aucun pays européen ne peut, seul, faire face aux menaces actuelles. L’Union européenne doit donc bâtir une véritable Union de la sécurité, fondée sur la sécurité humaine et les besoins des populations. Au-delà de l’OTAN, il est crucial de maintenir un partenariat privilégié avec des alliés stratégiques tels que le Royaume-Uni, le Canada et la Norvège, dont l’engagement en matière de défense renforce la sécurité européenne et transatlantique. L’approche globale de la sécurité est essentielle pour protéger les droits fondamentaux, prévenir les conflits et garantir une paix durable.

Les décisions stratégiques de l’UE ne devraient donc plus être paralysées par le droit de veto national en matière de politique étrangère et de sécurité. Une réforme institutionnelle devrait permettre des actions rapides et décisives via la suppression de l’unanimité au Conseil de l’UE et l’introduction du vote à la majorité qualifiée en matière de politique étrangère et de défense.

Il s’agirait également d’appliquer de façon crédible et effective l’article 42(7) du Traité sur l’Union européenne (TUE) qui prévoit un mécanisme de solidarité et d’assistance mutuelle entre États membres en cas d’agression. Cette solidarité doit se traduire par une coopération renforcée sur les capacités militaires, notamment via une interopérabilité accrue, une coordination des achats et des systèmes d’approvisionnement communs.

L’Europe ne peut plus se permettre une fragmentation de son industrie de défense. Les projets concurrents entre États membres affaiblissent la souveraineté européenne et ralentissent la mise en place d’une défense efficace. Nous plaidons pour :

  • un principe de préférence européenne pour l’achat d’équipements militaires ;
  • une compatibilité accrue entre les forces armées européennes ;
  • un modèle de coopération avancé, à l’image du programme CaMo (Capacité Motorisée), qui intégrera totalement les brigades motorisées belges et françaises.

Les interventions militaires doivent toujours être un dernier recours, s’inscrire dans des stratégies politiques de long terme, respecter le droit international et être soumises à un contrôle parlementaire strict. Pour les écologistes, le développement d’une Union européenne de la sécurité doit impérativement respecter ces principes et s’intégrant aux structures existantes mais aussi privilégier une approche transformatrice, s’attaquant aux causes profondes des conflits en renforçant :

  • la prévention civile ;
  • la médiation et la réconciliation ;
  • la gestion des crises et la consolidation de la paix.

8.2. Vers une souveraineté énergétique

Une Union de la Sécurité militaire ne suffira pas. Car même en disposant des meilleures armes du monde, aucun pays ne tient plus de quelques jours sans capacité de se chauffer et de se nourrir. Or, en 2021, l’UE dépendait de sources extérieures pour 55,5 % de sa consommation énergétique totale, notamment :

  • 90 % du pétrole brut ;
  • 66 % du gaz naturel ;
  • 42% du charbon ;
  • 95 % de l’uranium ;

Jusqu’en 2021, 45 % du gaz européen, 27 % du pétrole, 20% de l’uranium et 46 % du charbon provenaient de Russie, faisant de ce pays le principal fournisseur d’énergie du continent. Cette dépendance énergétique a financé l’effort de guerre de Poutine contre l’Ukraine et démontré la vulnérabilité géopolitique de l’Europe.

Lorsque la Russie a envahi l’Ukraine en 2022, elle a utilisé l’énergie comme une arme de guerre économique, réduisant ses livraisons de gaz et déclenchant une crise énergétique majeure. Ce chantage a mis en évidence un paradoxe : l’Europe sanctionnait Moscou tout en continuant à lui verser des milliards d’euros. L’indépendance et la sécurité énergétique sont un impératif stratégique. L’Europe doit s’émanciper des hydrocarbures russes, américains et du nucléaire dépendant d’États autoritaires. L’indépendance énergétique est un pilier essentiel de la souveraineté européenne et si les investissements dans la défense bénéficient d’une exemption des règles budgétaires européennes, il est crucial que les investissements verts et sociaux qui s’inscrivent dans le cadre du Green Deal bénéficient également d’une telle exonération, comme les verts l’ont plaidé lors des débats autour de la réforme des règles budgétaires européennes.

Notre sécurité ne peut être assurée au détriment de la justice sociale et les investissements militaires ne devraient pas réduire les ressources dédiées à la transition écologique et à la redistribution sociale (éducation, santé, lutte contre la pauvreté).

8.3. Une politique de défense ancrée dans nos valeurs démocratiques

L’Union européenne est un projet de paix, fondé sur la liberté, l’égalité, l’État de droit et les droits humains. Ce sont précisément ces valeurs qui font d’elle une cible pour les régimes autoritaires et les tenants de la loi du plus fort. D’une certaine façon réarmer massivement l’Europe sans renforcer notre démocratie, c’est scier la branche sur laquelle nous sommes assis.

Une vision élargie de la sécurité

La sécurité ne se limite pas aux capacités militaires. Elle repose aussi sur :

  • des sociétés civiles fortes ;
  • une transition écologique juste ;
  • des stratégies préventives de long terme.

L’Europe doit dès lors anticiper les menaces hybrides, allant des cyberattaques à la manipulation de l’information et aux chantages économiques liés aux matières premières critiques.

Il serait également intéressant de renforcer le Service européen pour l’action extérieure (SEAE) afin d’en faire un acteur diplomatique de premier plan, capable de lutter contre l’impunité, de favoriser la réconciliation et de construire une paix durable.

Une autonomie stratégique numérique pour préserver nos valeurs démocratiques

La souveraineté européenne ne peut être effective sans une autonomie stratégique dans le numérique et l’information. Aujourd’hui, l’espace public européen dépend largement des infrastructures technologiques et médiatiques de groupes privés américains ou chinois, comme Google, Meta, X ou TikTok, ce qui expose nos sociétés à une influence étrangère disproportionnée et à des logiques de marché qui échappent au contrôle démocratique.

Il est capital que l’Union européenne investisse dans ses propres infrastructures numériques souveraines, notamment dans le domaine des réseaux sociaux, afin de garantir une pluralité de l’information et une résilience face aux ingérences extérieures et essentiel que l’Europe impulse une alternative crédible pour protéger ses valeurs démocratiques et la qualité du débat public.

Une sécurité inclusive, équitable et démocratique

L’augmentation programmée des dépenses de défense exigera des efforts considérables de la part des citoyens européens. Elle doit nécessairement être financée de manière équitable et non au détriment d’autres politiques.

Une sécurité militaire obtenue au détriment de la justice sociale n’est en effet pas une sécurité véritable. La montée des inégalités et l’insécurité économique croissante déstabilisent nos démocraties de l’intérieur et font progresser l’extrême droite. Augmenter les dépenses de défense sans investir dans les conditions matérielles d’existence et sans réduire rapidement les inégalités alimentera les forces antidémocratiques. Il est donc important de veiller à :

  • une concertation systématique avec les Parlements nationaux et européen sur les politiques de défense et de sécurité, afin d’assurer un contrôle démocratique renforcé ;
  • une intégration systématique de l’égalité de genre dans les politiques de défense, conformément à la résolution 1325 de l’ONU et une représentation égale des femmes dans toutes les missions diplomatiques européennes.

Seule une approche démocratique, équilibrée et tournée vers l’avenir permettra à l’Europe de se doter d’une défense forte et légitime aux yeux de ses citoyens.

9. Comment financer la sécurité de l’Europe ?

L’UE et ses États membres ont décidé de renforcer leurs investissements dans une défense européenne intégrée. La présidente de la Commission Européenne a, en ce sens, présenté le plan « ReArm Europe », dans lequel la Commission propose de dégager 800 milliards pour les investissements dans la défense, et ce principalement via :

  • l’activation de la clause dérogatoire nationale pour tous les états membres qui permettra aux États membres d’augmenter considérablement leurs dépenses de défense sans déclencher la procédure de déficit excessif ;
  • Un nouveau fond européen de 150 milliards d’€ pour des “domaines de capacités paneuropéens”, tels que la défense aérienne et antimissile, les systèmes d’artillerie, les missiles et munitions, les drones et les systèmes anti-drones, la cybersécurité et la mobilité militaire. Il s’agira de prêts accordés au niveau national et la Commission utilisera sa capacité financière pour emprunter sur les marchés l’argent qu’elle prêtera ensuite aux États membres. Ces derniers devront rembourser ces prêts garantis par le budget de l’UE.
  • un remaniement des statuts de la Banque Européenne d’Investissement et de l’Union des Marchés des Capitaux pour mobiliser des fonds privés pour le réarmement.

Ce plan de Von der Leyen entraîne malheureusement une nouvelle course anarchique à l’armement au niveau national, sans véritable coordination au niveau européen pour optimiser les dépenses. Et il apparaît que l’augmentation des investissements dans la défense risque de se faire au détriment d’autres priorités publiques qui s’inscrivent pourtant dans une vision de sécurité globale – comme les dépenses sociales, la cohésion territoriale et la transition climatique. Il est donc important de préserver ces priorités en veillant à ce que les nouveaux investissements dans la défense n’affecte pas des fonds déjà alloués à d’autres secteurs comme les fonds de cohésion ou les dépenses de protection sociale.

9.1.  Nouveau fonds de défense européen et émission conjointe de dettes

Il est souhaitable de créer un nouvel instrument financier hors budget, similaire à la Facilité européenne pour la paix, permettant de mutualiser les budgets nationaux de défense et de financer l’ensemble du cycle de vie des capacités militaires, de la R&D collaborative aux achats conjoints et à la maintenance.

Concrètement, la coopération militaire et industrielle à l’échelle européenne devrait alors être une règle plutôt qu’une exception. Pour y parvenir et pour optimiser les dépenses militaires, un fond de défense européen commun est plus efficace que des prêts et des exemptions budgétaires accordés individuellement à chaque État membre sans vraie coordination européenne. Un tel fond permettra d’éviter les doublons, de maximiser les économies d’échelle et, surtout, de garantir une véritable indépendance stratégique.

Contrairement aux prêts nationaux proposé par Von der Leyen, un programme d’émission de dette européenne pour financer ce le fond de dépense européen pourrait se baser sur le modèle du Plan de relance européen NextGenerationEU. Ce mécanisme permettrait un financement solidaire et efficace, évitant de creuser les dettes nationales tout en garantissant les ressources nécessaires à une défense européenne crédible.

9.2. Nouvelles recettes

Il est possible d’envisager une contribution des ultra-riches et des multinationales (fossiles) afin de financer la sécurité européenne sans fragiliser la cohésion sociale, par exemple via :

  • l’instauration d’un impôt européen exceptionnel de crise sur les grands patrimoines. Une telle contribution, ciblée et temporaire, garantirait un effort équitable sans appauvrir les plus fortunés, tout en préservant le pouvoir d’achat des travailleurs et en évitant de faire reposer l’effort sur les classes moyennes et permettrait de rapporter plus de 300 milliards d’€ au niveau européen
  • l’instauration d’une taxation des surprofits des grandes entreprises, afin de récupérer les rentes injustifiées et liées à la guerre. Cela a déjà été fait en 2022 lorsque l’Union européenne avait décidé de soumettre les multinationales pétrolières et gazières à une « contribution de solidarité » au vu des « profits de guerre » du secteur énergétique.

9.3. Exemption des règles budgétaires

Ursula Von der Leyen a annoncé l’activation de la clause dérogatoire nationale pour les investissements dans la défense mais son application devrait garantir que l’augmentation des dépenses militaires ne se traduise pas par des coupes dans d’autres secteurs clés de la sécurité sociale, de l’éducation ou de l’agriculture. L’application de cette même clause d’exemption devrait valoir pour l’impérative transition climatique dans le cadre de la réforme des règles budgétaires européennes.

Même si vous pouvez posséder les armes les plus sophistiquées du monde, elles ne vous seront d’aucune utilité si vous ne pouvez ni vous nourrir, ni vous chauffer, ni subvenir aux besoins essentiels de votre population. Une nation forte ne se mesure pas seulement à sa puissance militaire, mais aussi à sa capacité à garantir son autonomie alimentaire et énergétique. La sécurité dépend également de l’indépendance énergétique, de la résilience climatique, de la stabilité économique et de la cohésion sociale, autant de domaines qui nécessiteront des investissements importants dans les prochaines années. C’est pourquoi investir dans la souveraineté alimentaire et énergétique est une condition incontournable de notre sécurité et de notre résilience face aux crises.

9.4. Mutualisation des investissements en matière de défense et d’énergie

Enfin, pour orchestrer ces investissements d’envergure et mettre en œuvre un « Buy European Act », la Commission européenne jouerait un rôle central en tant que plateforme d’achats et d’investissements, à l’image de ce qu’elle a réalisé avec les vaccins durant la crise du Covid-19. Cependant, il s’agit d’éviter de relancer une course à l’armement anarchique où chaque État dépense sans coordination, sans spécialisation et sans interopérabilité du matériel.

Renforcer la coopération par le biais d’achats groupés, de capacités militaires partagées et du développement d’une industrie de défense européenne est essentiel. La passation conjointe de marchés, l’interopérabilité et l’harmonisation des normes permettront des économies considérables.

Dans ce cadre, il importe de veiller à ce que ces fonds ne servent plus à l’achat d’armements américains, comme les F-35 ou les missiles ATACMS, dont l’opérationnalité repose entièrement sur des infrastructures, des logiciels et des systèmes de maintenance sous contrôle des États-Unis. Cette dépendance technologique et logistique limite notre autonomie stratégique et renforce une asymétrie dans la prise de décision militaire. L’objectif est d’accélérer le développement de notre industrie de défense en Europe et de garantir notre souveraineté technologique et opérationnelle.

Les achats groupés à l’échelle européenne seront cruciaux pour parvenir à une production militaire à moindre coût. Les dépenses pourraient être considérablement réduites si les commandes étaient regroupées et si davantage de concurrence était introduite. Les contrats avec les fournisseurs militaires devraient passer d’une approche “coût majoré” à des contrats offrant des incitations à la réduction des coûts. Par ailleurs, des commandes très importantes basées sur une norme européenne unique – visant des objectifs tels que 1 400 chars, 2 000 véhicules de combat d’infanterie ou 700 pièces d’artillerie – permettraient de réduire significativement les coûts par rapport à des achats à plus petite échelle.

10. Comment soutenir l’Ukraine sans les États-Unis ?

Du point de vue des démocraties européennes, un soutien indéfectible à l’indépendance, à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine reste essentiel. La sécurité de l’Ukraine est aussi celle de l’Europe. Pour toute personne attachée au principe d’auto-détermination, toute décision concernant l’avenir territorial du pays doit relever exclusivement du choix souverain du peuple ukrainien et non d’une imposition extérieure. Une paix durable devra être obtenue aux conditions de l’Ukraine, avec sa participation aux négociations, par exemple via la “Formule de paix” de Kyiv.

L’incertitude et/ou le retrait du soutien américain à l’Ukraine devrait être compensé par une augmentation des engagements européens et des capacités de communication ou de renseignements européens. Cela implique que les États membres accroissent leurs investissements directs dans l’industrie de défense ukrainienne afin de produire sur place les équipements militaires essentiels. Le modèle danois, qui consiste à financer la production de drones, de systèmes de défense aérienne, d’artillerie et de capacités de frappe longue portée en Ukraine même, pourrait être élargi et soutenu à l’échelle européenne.

Pour pouvoir allouer un budget spécifique conséquent à un l’instrument de soutien à l’Ukraine du programme EDIP, il serait nécessaire de confisquer les 250 milliards d’euros d’avoirs russes gelés dans les banques européennes afin de compenser les victimes de la guerre, financer la reconstruction et soutenir la résistance ukrainienne. Cette mesure bénéficie d’un large soutien international. Plus de 140 Prix Nobel ont appelé l’UE et ses partenaires à adopter ce dispositif, soulignant qu’il est inacceptable que l’argent de la Russie dorme dans nos banques pendant que l’Ukraine se bat pour sa survie. Plusieurs pays européens plaident pour cette confiscation, notamment l’Estonie, la Lituanie et la Pologne. La Première ministre estonienne Kaja Kallas, en première ligne sur cette question, insiste sur le fait que « la Russie doit payer pour les destructions qu’elle a causées » et que la confiscation des avoirs russes est « un impératif de justice et de responsabilité ». La Commission européenne elle-même a ouvert la voie à l’utilisation des revenus générés par ces actifs gelés pour soutenir l’Ukraine, mais il est possible d’aller plus loin en saisissant ces fonds de manière définitive car il ne peut y avoir de reconstruction crédible et durable sans que la Russie assume les conséquences financières de sa guerre (estimées à ce stade à plus de 500 milliards de destructions selon la Banque mondiale). C’est une  question de justice, mais aussi un signal fort adressé aux régimes autoritaires : l’agression d’un pays souverain aura des conséquences concrètes et irréversibles. C’est le principe de l’agresseur-payeur.

 

[1] Ce comparatif des montants fait l’objet de nombreux débats, portant sur les moyens réels dégagés par la Russie, sur une mise en évidence que les coûts de matériels ne sont pas identiques, etc.

[2] https://commission.europa.eu/topics/defence/safer-together-path-towards-fully-prepared-union_en

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