1. La méthodologie de la Transition, en deux mots

La méthodologie de la Transition propose un niveau d’action intermédiaire : la collectivité locale
1. Elle consacre beaucoup de temps et d’énergie à mettre en réseau les initiatives – manifestement déjà en transition – comme terreau pour construire une vision et une action collective. Elle favorise les collaborations, les partages et croisements de compétences, densifie les liens du tissu social… Elle utilise les outils de l’intelligence collective, que l’on retrouve tout au long de la méthodologie, pour aider chacun (individu ou groupe) à, en toute sécurité, décrypter la situation, accepter (et dépasser) ses peurs, repérer ses pairs et entrer dans une dynamique d’action, de projet partagé.

A sa manière, elle (re)crée un nouvel objet politique, inclusif
2 (donc consensuel
3) et vivant, nourrit et mûrit de l’expérience des rapports de force entre vision jacobine et démocratie participative (localisée), expertise technocratique et intelligence collective, gestion conceptualisée et expérimentation partagée, obsession matérialiste individualiste et vie collective prospère, compétition et coopération… Evidemment du côté bizounours on trouvera le projet utopiste (et angéliste). Qu’importe, forget your enemy
4 !

Elle offre aussi l’avantage de relativiser, par la pratique, la place réelle du marché dans l‘économie
5 et de (ré)conforter la collectivité dans le potentiel, habituellement hors-champ, des échanges informels, de la gestion des ressources naturelles de proximité, de son savoir-faire et autres biens communs dont elle a – ou peut retrouver – la maîtrise.

2. Généalogie
6 d’une boîte à outils

La méthode de Transition est issue du croisement fécond de divers outils issus des années 60-80 qui, décantés, ont eu le temps de s’aligner
7 et de s’influencer réciproquement.

En 2004, Rob Hopkins enseigne la permaculture au Collège d’Education permanente de Kinsale en Irlande depuis quelques années. Suite à la vision du film « The End of Suburbia » et à la conférence de Colin Campbell sur le pic du pétrole, il décide avec ses étudiants de se lancer dans l’exercice qui consiste à évaluer la capacité de Kinsale à supporter le choc du pic pétrolier. Au bout d’un an de recherche sur la dépendance au pétrole, de prospective narrative
8 et d’animations de la collectivité locale, ils organisent un congrès Fuelling the future durant lequel ils présentent le « Plan de descente énergétique de Kinsale ». Des retours sur cette expérience, naît le mouvement des Transition Towns appliquée en 2006 à Totnès et sera construite la méthodologie, ossature du Transition Handbook
9.

Fin 2011, on recense plus de mille « Intiatives de Transition officielles » dans 37 pays différents
10
11.

2.1 La permaculture

Si le récit fondateur du paradigme actuel s’est construit autour d’un mythe prométhéen relayé par la thermodynamique avec les idées d’irréversibilité et d’entropie qui engendrent compétition, rareté, accumulation (capitalisation et héritage), la permaculture, née aux confins de l’occidentalité
12, s’inspire des sciences du vivant
13, du cycle, de la coopération, de l’abondance et du don. C’est à l’époque même (fin des 60s) où les premières rétroactions de la biosphère manifestent la naturalité refoulée de cet homme occidental
14 (puisqu’il l’affecte) qu’il se met à reconsidérer les interactions possibles avec une nature naturellement productive
15.

La permaculture est un système de conception systémique
16 qui cherche à porter les systèmes au plus proche de leur équilibre dynamique, seule condition de stabilité. C’est aussi son point de résilience le plus élevé. Ses applications vont de la production agricole, à l’urbanisation, aux organisations sociales… Le terme est souvent mal interprété
17 comme « culture permanente » alors qu’il s’agit plutôt de « culture de la permanence ».

Elle se base sur l’observation écologique de la forêt sauvage, milieu qui atteint en climat tempéré un climax hyper productif sans intervention extérieure. Les interactions entre les différents éléments favorisent leur diversité et la stabilité globale. Le système obtient un rendement optimal en consommant le minimum d’énergie – renouvelable – et en recyclant sur place les déchets. Elle met en évidence aussi l’intérêt des zones limites (les bordures entre biotopes) qui sont riches en diversité, le fait que les fonctions soient remplies par plusieurs éléments (et que chaque élément remplisse plusieurs fonctions)
18.

Le design est conditionné à une éthique en trois principes : prendre soin de la terre, prendre soin des hommes et créer de l’abondance et (re)distribuer les surplus
19. Rob Hopkins utilise implicitement les principes de la permaculture dans la méthodologie de la Transition. Il y ajoute, par sa pratique, de l’intelligence collective, une dimension participative. La permaculture ayant tendance à favoriser la création d’ilôts
20– des lifeboats
21.

2.2 La psychologie du changement appliquée au traitement des dépendances

On le sait, ce n’est pas parce qu’on sait qu’il faut changer qu’on change. Loin de là. L’inertie des uns, les intérêts des autres, les protocoles de tous ordres… tout s’articule à maintenir la trajectoire. Une forme de névrose collective sur le mode sénile
22, de dépression à l’échelle du continent
23… Dans l’attitude toujours plus de la même chose
24, notre société en est au stade de la folie.

Donc assumons que le changement ne se produira pas d’un coup, que le processus est donc itératif et qu’avant de passer à l’action, il faut franchir un seuil. L’apport de la psychologie du changement est de détailler les conditions avant (prise de conscience, balance des pour et des contres, motivation, préparation) et après l’action (consolidation, risque de rechute) et de pouvoir les travailler à l’échelle de la collectivité. Associée au traitement des addictions, l’idée de considérer la société comme « en dépendance » par rapport à sa consommation de pétrole permet de reconsidérer les blocages, la fatuité de l’approche purement argumentative, la pénibilité patente devant l’effort de changement. On verra plus loin l’intrication entre ces méthodes et celle de la Transition. Le résultat essentiel est la création d’une zone de confort via une socialisation sécurisante
25 nécessaire à l’auto-socio-construction d’un duo conscience / confiance propre à se remettre en selle collectivement
26.

2.3 L’intelligence collective

Le champ et le mode opératoire de la Transition sont le collectif. Dès les premiers instants du projet mené par Rob Hopkins et ses étudiants, probablement déjà dans le contexte favorable de la pédagogie anglo saxonne, l’intelligence collective a contribué et à la cohérence générale du processus et à son acceptation sociale
27. Elle apporte le réseau pensant
28.

Le potentiel est énorme. En respectant certains principes élémentaires
29, la synergie créée par la collaboration fait émerger des facultés de représentation, de création et d’apprentissage supérieures à celles des individus isolés.

Si l’intérêt est spontanément mobilisé chez les permaculteurs
30 ou ceux qui travaillent en interaction

de groupes, il est moins bien accepté par les académiques et consort
31. Dans le rapport dialogique
32 entre savoirs experts et savoirs profanes, leur pré carré perd de son attrait. En apparence seulement, car si l’on voit apparaître de nouveaux réseaux de construction des savoirs amateurs comme contre expertise de contrôle (sur le nucléaire pas exemple), c’est dans l’hybridation des panels que l’expertise retrouvera son sens et sa légitimité démocratique. Car avant tout le dessein est politique
33.

Le forum ouvert (un des outils clé de la Transition) y recourre non seulement comme technique de brainstorming, de créativité mais aussi pour l’auto-organisation, les transferts de compétences, la stimulation des rapports sociaux…

Principes de l’intelligence collective
34 : une communauté d’intérêt basée sur une libre appartenance
35, une structure démocratique égalitaire
36 et une gestion collective
37 ; un espace collaboratif construit autour d’outils de coopération
38, un système d’information
39 et un processus d’apprentissage
40.

C’est probablement l’apport le plus politique à la Transition. On y perçoit le collectif auto-organisé, l’inclusivité, le support social à l’action, l’ouverture aux visions successives…

2.4 Le story-telling, ou prospective narrative

Outre l’analyse des fables de la publicité, du marketing, celle de nos contes d’enfance
41, des BD, de la filmographie et autres récits de notre époque
42 permet de mettre en évidence les ressorts émotifs (inavouables) qui s’épanouissent dans notre rapport dépendant à la consommation comme quète du bonheur.

Dans le processus de la Transition, ces récits communs prennent une grande importance. Une conversation sociale
43 continue implicant deux processus complémentaires et itératifs, l’un déductif de collecte d’histoires, de percolation de spécifications (récolte de récits des anciens, requalifications des compétences pratiques…) et l’autre inductif de projection d’un ensemble de visions, de prise de parti (atelier de vision partagée
44, groupes de travail…) pour arriver à la construction collective de scénario de vie
45.

En résumé, la Transition propose une méthode d’application des principes de la permaculture aux collectivités locales en utilisant les outils du traitement des dépendances, de l’intelligence collective et de la prospective narrative.

3. Les six principes de la Transition

Présentation commentée succinte, on lira le Manuel de Transition pour plus de détails.

3.1 La visualisation

Nic Marks
46 démarre sa présentation du “Happy Planet Index” par ces mots : Martin Luther King n’a pas dit J’ai eu un cauchemar, mais j’ai fait un rêve. La construction collective de nouvelles représentations claires et désirables du futur permet de créer un faisceau de lignes de force qui aide chacun, dans son action, a orienter ses choix. Il ne s’agit pas ici de Transition-washing, ni de méthode coué, c’est la collectivité qui s’oriente par visions concertées successives dans son désir d’avenir.

3.2 L’inclusivité

Il s’agit de battre en brèche l’idée qui se ressemble s’assemble. Habitués à nos zones de confort, nous ne communiquons, échangeons… plus qu’à l’intérieur de micro-communautés homogènes. La permaculture met en évidence l’importance de la diversité mise en réseau. Au niveau social, c’est le même objectif, multiplier les différences, les compétences, les mémoires… ouverture et intégration, comme condition de survie. Mais c’est un challenge
47. Certaines étapes de la Transition favorisent les rapprochements, comme la mise en réseau du tissu associatif, la valorisation des récits des anciens, les groupes de projets concrets ou la requalification. Elles permettent de sortir des formats qui favorise l’aisance oratoire et discursive.

3.3 Une bonne conscientisation

La Transition part du constat que le niveau de connaissance publique sur des sujets comme le pic du pétrole, le changement climatique, les grandes questions sociales et écologiques est, malgré le travail inlassable des associaions et des pouvoirs publics, dérisoirement faible. Or réussir la thérapie de sevrage, de séparation d’avec la société pétro-dépendante (entre-autre) nécessite de comprendre l’enjeu, d’en assimiler la mesure, d’en dépasser les angoisses, d’y envisager une alternative, de s’atteler à la mise en œuvre de celle-ci.

3.4 La résilience
48, le concept central

L’état de résilience de la Transition serait celui atteint par la collectivité de sorte qu’elle puisse absorber une crise majeure et retrouver un équilibre similaire tenant compte de l’expérience de cette crise. L’état post-crise étant donc assumé comme différent mais remplissant les mêmes fonction. Il a entre autre retrouvé ses capacités de réactions.

Bernard Liétard introduit une nuance intéressante
49 via une analyse très permaculturelle :

Une structure de réseau affecte la viabilité à long terme d’un système, grâce à un équilibre
50 entre son efficacité et sa résilience :

  • L’efficacité se réfère a la capacité d’un système de traiter des volumes appropriés de matière, d’énergie et/ou d’information. Elle mesure la capacité d’un réseau de fonctionner d’une manière suffisamment organisée et efficace pour maintenir son intégrité dans le temps ;
  • La résilience donne une idée de la capacité d’un système de se survivre à une perturbation. Elle mesure une réserve du réseau dans la diversité des actions disponibles pour être utilisées pour faire face aux exigences de nouvelles perturbations, et les innovation utiles pour son évolution.

Deux variables relatives à la structure d’un réseau – la diversité (l’existence de différents types d’agents agissants comme noeuds dans le réseau) et l’interconnectivité (le nombre de connections disponibles entre les agents ), jouent un rôle central dans l’efficacité et la résilience – mais dans la direction opposée. En général la résilience d’un système est améliorée par une plus grande diversité et par un plus grand nombre de connections parce que plus de canaux alternatifs sont disponibles en cas de problème ou de changement.

L’efficacité, d’autre part, augmente par la rationalisation, ce qui veut généralement se traduit par une réduction de la diversité et de la connectivité.

(…)

Il est aussi intéressant de noter que tous les écosystèmes ont leurs paramètres les plus critiques dans une fourchette spécifique fort étroite qui peut être calculée empiriquement avec précision, la fenêtre de viabilité.

Si, pour la permaculture, cette fenêtre représente la résilience même, l’intérêt de cette approche pour la Transition est d’une part de démontrer la tension antagoniste entre l’efficacité et la résilience. La résilience maximale ne permet plus d’extraire une production aux fins de consommation humaine
51 et l’efficacité maximale présente une fragilité intrinsèque
52 à la fois aux chocs externes mais conduisant à terme le système à l’épuisement
53. Même si la relation paraît intuitive, elle est largement ignorée, par exemple, dans la gestion des crises financières ou l’agriculture industrielle. D’autre part, de souligner le rapport direct entre la résilience, la diversité des agents et leur interconnectivité.

3.5 Un soutien par le groupe et la dynamique de projet

Principe essentiel directement dérivé de la psychologie du changement. Les principaux obstacles à l’implication sont générés par le sentiment d’impuissance, d’isolement face aux problèmes démesurés. La mise en condition psychologique de sécurité par un groupe soutenant partageant une vision et des modalités d’actions permet à chacun de ressentir, exprimer et transformer les affects en jeu
54. Les projets mis en place à l’échelle humaine
55 impliquent le développement personnel des participants, renforcent la communauté (résilience).

3.6 Des solutions raisonnables

Pour la motivation des groupes de projets, pour la crédibilité de l’ensemble de la dynamique, il est essentiel de se donner des objectifs réalistes, qui correspondent à l’échelle locale, et qui créent des résultats appréciables par la collectivité. Les personnes impliquées étant de plus en plus nombreuses, les projets plus ambitieux seront pris en charge dès l’instant où ils deviendront réalistes…

3.7 Les 12 étapes de la méthode de la Transition
56

Le modèle de la Transition, c’est qu’il n’y a pas de modèle ! Les étapes sont proposées comme un mémo
57. Peu importe l’ordre, les combinaisons,…on y revient pour puiser des idées puis on s’en invente une interprétation originale.

3.8 Constituer un groupe de départ et planifier sa dissolution

C’est évidemment un point clé. Il semble que la dynamique de fonctionnement de ce groupe soit très importante pour assurer sa motivation dans le temps bien sûr, mais aussi pour la perception par la collectivité comme en cohérence avec le projet annoncé. Une bonne diversité (genre, professions, âges, lieux de vie…), un fonctionnement selon les principes de l’intelligence collective (fonctions tournantes…)… créent des conditions favorables au démarrage.

L’idée de la dissolution programmée du groupe de pilotage est sans doute celle qui m’a le plus épaté dans la méthodologie
58. Elle incarne parfaitement la transparence et la bienveillance du processus.

3.9 Sensibiliser

Nous avons pû vérifier que la compréhension des grandes questions est effectivement assez aléatoire, variant selon les questions et d’une personne à l’autre. Typiquement les activités de sensibilisation permettent de mettre en commun une information par rapport à laquelle le collectif peut débattre et se positionner. Les apports personnels construisent et affinent la représentation. La prise en compte de toutes les interventions est primordiale afin de lever les barrières sociales à l’expression.

Nous associons souvent une partie théorique (projection-débat, conférence-débat…) à un volet pratique (atelier, visite…) le lendemain. La combinaison des deux, avec un intervalle de réflexion personnelle, offre la possibilité d’explorer un peu plus loin (et de tisser des liens) les différents sujets.

3.10 Réseau de liens (Jeter les bases)

Repérer le tissu associatif et l’associer à des événements qui concernent son champ d’activité permet d’étendre rapidement le réseau de contacts avec un bénéfice réciproque direct à toutes les dynamiques impliquées. Cela favorise la diversité (des gens mais aussi des thématiques, des préoccupations…), stimule la circulation des informations…

Lors du tout premier événement organisé, nous avions associé le SEL alors en phase de démarrage. De l’atelier, une masse critique de participants a permis un démarrage rapide. Depuis l’info circule d’un réseau à l’autre, les soutiens mutuels et les activités communes ne se comptent plus.

3.11 Organiser une grande libération

Conçu comme un moment charnière
59, un grand événement-festival de visionning qui signale le premier jour de la deuxième partie de la vie de la collectivité. Organisé selon la méthode du forum ouvert
60, il est à la fois festif (pour marquer le coup), informatif (échange de savoir, de récits), actif (ateliers thématiques proposés par les participants) et devient le point de départ de projets concrets. Il signale aussi la prise de relais, par délégation du collectif, de la dynamique de pilotage.

3.12 Former des groupes de travail

Des groupes qui avancent sur des thématiques sont un des moyens les plus implicants pour motiver, et le groupe de pilotage, et les membres de la collectivité. Outre les échanges et valorisations de savoir faire, la dynamique permet d’explorer des projets que l’on ne ferait pas seul, ou auquels on ne pense simplement pas parce qu’ils émergent de l’expérimentation. Il est important de communiquer aux autres groupes sur l’avancement, les succès et les problèmes rencontrés. La circulation de cette info maintient toute la dynamique et crée un rayonnement vite relayé par le tissu associatif, la presse locale…

Notre approche de la question a été de créer une fiche projet simple qui permet au groupe de pilotage de rapidement se faire une idée sur la façon dont il peut soutenir l’initiative
61.

3.13 Utiliser des forums ouverts

Une bonne technique pour nourrir, au départ ou en cours de route, les groupes de projets (ou la dynamique globale).

3.14 Développer des manifestations pratiques et visibles du projet

La dynamique des groupes de travail crée rapidement des manifestations pratiques. La visibilité offerte à ces résultats à des effets démultiplicateurs, chacun devient vecteur de l’expérience et peut s’y référer pour motiver ses proches. Le sentiment d’utilité (publique) est fondamental à la contagion.

3.15 Faciliter la grande qualification

Dans un travail sur deux niveaux, professionnel mais aussi amateur (certains sont plus compétents dans leur hobby que dans leur métier), la grande qualification vise de façon rationnellement opportuniste à repérer et valoriser les compétences qui seront utiles en situation de crise. Si certaines paraissent évidentes (production alimentaire, filière énergie…), un atelier prospectif de mise en scénario de vie en fera surgir d’autres qui seront plus surprenantes (conservation des aliments, épuration naturelle de l’eau…). Enfin, les activités économiques en transition sont à soutenir dans le réseau et une bonne communication les valorisant favorisera les conversions.

Un bon exemple vient du SEL
62, avec une règle simple : une heure égale une heure quelle que soit le savoir faire, il stimule le membre soit par l’éventail des demandes auxquelles il se rend compte qu’il peut répondre, soit par le nombre de savoir faire dont il voit qu’il peut proposer l’échange.

3.16 Créer des liens avec l’administration locale

Le fait que la Transition soit une dynamique citoyenne n’empêche pas les rapports de bon voisinnage avec l’administration et le pouvoir local. Il est intéressant de voir les démarches qu’ils entreprennent et les résultats obtenus. Tout ce qui va dans le sens de la Transition est à accueillir avec enthousiasme. Les Agendas 21, PCDN
63, PCDR
64… regorgent de propositions qui intéressent la dynamique
65. L’essentiel est de ne pas se faire instrumentaliser. L’administration peut également avec bienveillance entrer en relation directe
66 avec un groupe de travail.

La difficulté vient des incompréhensions réciproques et multiples sur les modes de fonctionnement. Une bonne communication entre les personnes est nécessaire, même pour mener des projets simples comme la participation à des festivités locales…

3.17 Rendre hommage aux ainés

Sans romantisme déplacé, et de pair avec la requalification, il est intéressant de renouer avec le transfert d’expérience. Des méthodes simples sélectionnées au fil de la transmission entre générations, habitées du genius loci, peuvent faire gagner beaucoup de temps d’expérimentation.

La question de la gestion de l’eau par exemple est tombée dans l’oubli pour la plupart de nos contemporains.

3.18 Laisser les choses aller là où elles veulent aller…

Dans l’idée de la dissolution programmée du groupe de pilotage, il y a cette volonté de laisser le collectif avancer selon ses visions. Il faut donc lui offrir l’occasion de revisiter ces visions en fonction de l’avancement du processus. Cela demande du lâcher-prise de la part du comité de pilotage mais assure que l’énergie investie va dans le projet commun.

3.19 Créer un plan de descente énergétique

C’était l’objectif de l’exercice initial de Rob Hopkins et de ses étudiants. A l’heure actuelle il doit y en avoir sur la planète de quoi les compter sur les doigts d’une main. Ce plan est articulé sur une vision post-pic-du-pétrole et un rétroplanning
67 des actions à prendre. Il nécessite donc un travail de plusieurs mois mobilisant de nombreux membres de la collectivité.

Il est présenté en grandes pompes aux autorités communales.

Pour Rob Hopkins c’est le point d’articulation au politique, allant jusqu’à suggérer la constitution d’une liste pour porter le plan face à l’électeur.

Notes


1 Ce qui n’est pas particulièrement original, ce principe de subsidiarité piquera comme un rappel les écologistes.

2 Inclusivité qui est sans doute une opportunité offerte par la posture anticipatrice de la Transition : on a le temps et les moyens de réunir une unanimité sur des questions comme la réduction des inégalités, les solidarités… Pas certain qu’au pied du mur ce soit encore si évident !

3 Consensuel et assumé comme tel. Un des principes de la permaculture (transmis à la Transition) est de préférer la coopération à la compétition, la diversité à l’homogénéité

4 Dennis Meadows (novembre 2011)

5 Pour reprendre l’expression de Benoît Kestemont dans son analyse de 2011 pour Etopia (dans laquelle le marché, à l’heure actuelle, représenterait, déduction faite des maux et disservices, +/- 20% de l’économie belge).

6 On lira avec intérêt l’analyse de Pablo Servigne « La Transition, histoire d’une idée » (Barricade 2011)


7 Comme on dirait en transition management.


8 Traduction circonstanciée de storytelling. Communication narrative me paraît trop passif.


9 Traduit en français en 2011 par les Editions Silence, Manuel de Transition


10 Avec une large majorité de pays anglo saxons.


11 Pour trouver une Initiative de Transition près de chez soi : http://www.entransition.be.


12 Du moins vu d’ici ! Australie et Tasmanie.


13 Agronomie, écologie, biologie, biogéographie…


14 Compris comme « occidental par son mode de vie »


15 Le temps que percole, sans doute, les percées de l’anthropologie sociale qui mettent à (son) jour les représentations des rapports homme/nature non-dichotomique


16 Le design compris selon l’usage anglo saxon du terme. Selon Carliss Y. Baldwin, lors du workshop Collaborative Innovation and Design Capabilities en 2008 à Paris, le design est l’instruction (le plan), basée sur la connaissance [du milieu] qui transforment les ressources en choses que la collectivité utilise ou valorise. Le design est concret(isé) mais inclut le processus de conception. Trois étapes de succès du design : devenir réel (concret), remplir les attentes, caractère évolutif (lié à la modularité).


17 Du fait probablement des expérimentations agricoles de la permaculture qui sont les plus connues.


18 Permaculture 1 et 2 de Bill Mollison et David Holmgren,


19 On peut faire le parallèle avec la soutenabilité forte qui présente de façon concentrique et par ordre décroissant, environnement, société et économie


20 Une des étapes du design en permaculture consiste à créer un zonage concentrique pour ea. rationaliser les dépenses énergétiques. De ce fait même, la dernière zone (zone 5) est celle d’un alter où l’on ne s’aventure que si nécessaire, une « zone sauvage », générant avec la zone précédente, comme une idée dedans/dehors. Cette limite est apparue explicitement lors du Festival de Permaculture 2010. Pour le cours de design en permaculture (PDC), un travail pratique s’attachait à concevoir le design d’une exploitation agricole. Dans la conception, le village a été considéré par les étudiants comme zone 5, c’est dire.


21 Richard Heinbergs


22 « C’est pour cela qu’on ne voit pas de jeunes dans les rues comme dans les pays arabes » Emmanuel Todd (novembre 2011). Koen Schoors (Université de Gand) parle d’une société qui organise tranfert de capacités des jeunes salariés vers les agés fortunés (G1000, novembre 2011).


23 Patrick Viveret (septembre 2011). Et il ne parle pas (ici) de dépression économique :-/


24 Paul Watzlawick


25 J’ai failli écrire « sécurité sociale ». Celle-ci étant peut-être la délégation instrumentalisée de l’autre.


26 Viveret parle d’une stratégie des forces de vie, du désir, Eros contre Thanatos, désiration contre sidération.


27 Et à son succès


28 Patrick Viveret (septembre 2011).


29 Par manque de vigilance sur le respect des principes certains effets pervers peuvent intervenir tels que conformisme, crainte, fermeture, homogénéité idéologique voire soumission.


30 La permaculture travaille sur le réseau d’interactions (de tous types) entre les éléments (de tous type)


31 Pourtant voilà que selon certains chercheurs universitaires, l’université comme institution serait prise du syndrome Challenger, un effet procédural cloisonné, démotivant et finalement auto-destructeur. Après l’école de la reproduction de Bourdieu, nous sommes servis !


32 Pourtant propre à notre révolution épistémologique. Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Callon M. (2001) Paris, Seuil.


33 Au sens citoyen


34 Adapté de Wikipédia (novembre 2011)


35 Adhésion fondée sur des buts communs, respect et confiance mutuelle


36 Règles -tacites ou explicites- identiques pour tous les membres, distribution et rotation horizontale des rôles fondée sur le volontariat et la complémentarité


37 Chacun est responsable de sa propre action, décisions stratégiques basées sur le vote ou sur le consensus


38 Réseau de communication permettant l’interaction entre tous les membres et la coordination des actions


39 Accès total et en temps réel à l’information pour l’ensemble de la communauté, vue synthétique et contextuelle de la situation pour chaque membre


40 Système de régulation évolutif, constitution d’un corpus de connaissances, partage d’expériences et de pratiques, émergence d’une conscience commune


41 Rob Hopkins prend souvent 2 exemples qui illustrent l’idée que l’imaginaire a beaucoup contribué à notre adhésion au modèle proposé : les bottes de sept lieues (le géant qui avait ces bottes pouvait, quand il les portait, franchir 7 lieues à chaque pas, 30 km, un déplacement totalement inimaginable) et celui des elfes magiques du cordonnier (le cordonnier va se coucher et, quand il se réveille, toutes les chaussures ont été confectionnées comme par magie). Aujourd’hui, nous avons les bottes de 7 lieues, elles ont pris le nom de Ryanair et Easyjet. Et nous avons les elfes en Chine.


42 Fait symptomatique, l’exposition d’art de la dOCUMENTA de Kassel en juin 2012 portera entre autre sur le thème « Collapse and Recovery », on y est.


43 Par extension du dialogue social à tous les acteurs de la collectivité. Jégou, F. “Construction participative de scénarios de vie pour la Cité du Design…”2009


44 Visionning


45 Les systèmes de vie. Jegou (2008)


46 New Economics Foundation (NEF)


47 La Transition est apparue dans un environnement favorable à l’écologie (voir Landmatters). Son ambition est de s’ouvrir à d’autres milieux. Elle y arrive entre-autre par la dimension de la viabilité économique (monnaies locales…).


48 La page d’homonymie de Wikipedia (2011) illustre bien par combinaison de nuances, l’usage du concept par la Transition : en physique, la résilience est la résistance d’un matériau à un choc ; en écologie, la résilience est la capacité d’un écosystème ou d’une espèce à récupérer un fonctionnement ou un développement normal après avoir subi un traumatisme ; en psychologie, la résilience est un phénomène psychologique consistant à prendre acte de son traumatisme pour ne plus vivre dans la dépression ; en économie, la résilience est la capacité à revenir sur la trajectoire de croissance après avoir encaissé un choc ; en informatique, la résilience est la capacité d’un système ou d’une architecture réseau à continuer de fonctionner en cas de panne ; dans le domaine de la gouvernance, de la gestion du risque et du social, la résilience communautaire associe les approches précédentes en s’intéressant au groupe et au collectif plus qu’à l’individu isolé ; dans l’armement et l’aérospatial, la résilience dénote le niveau de capacité d’un système embarqué à tolérance de panne, de pouvoir continuer de fonctionner en mode dégradé tout en évoluant dans un milieu hostile. Et même : Dans le jeu World Of Warcraft, la résilience est une caractéristique permettant de niveler les dégâts reçus en Joueurs contre Joueurs (JcJ), afin de ramener un équilibre entre les classes à fort dégâts et les autres.


49 Toutes les options pour gérer une crise bancaire systémique. Bernard Lietaer & alii. Etopia, Novembre 2008. p 18-20


50 Sur le graphe l’optimum nécessite plus de résilience que d’efficacité


51 A moins d’être chasseurs-cueilleurs


52 80 % des ressources énergétiques consommées sur la planète sont d’origine fossile et donc finies


53 Le fameux pic-tout est en passe d’être fanchit d’ici 40 ans au plus.


54 Sans parler de l’aspect purement festif 🙂


55 Human Scale. Kirkpatick S.


56 De même, rapide résumé commenté. Voir le Manuel de Transition pour plus de détails


57 Ce qui est un peu déroutant, c’est le mélange de points concrets et de conseils méthodologiques


58 Je fais partie du groupe pilotage de Grez en Transition (www.grezentransition.be)


59 A Grez en Transition, nous n’avons pas encore organisé cet événement. A l’été 2010, nous étions l’interface locale à l’organisation du Festival de Permaculture à Néthen. Un temps, nous avons pensé y intégrer notre grande libération mais le timing était trop serré.


60 Open Space Technology


61 Voir les ateliers sur le site www.grezentransition.be


62 Service d’échanges locaux (LETS en anglais)


63 Plan Communal de Développement de la Nature


64 Plan Communal de Développement Rural


65 Même si de nombreux plans sont mis en place uniquement pour tirer des budgets du niveau régional vers le niveau communal


66 Et confier, par exemple, la gestion de parcelles de terrain pour des potagers collectifs ou d’un rayon de la bibliothèque consacré à la Transition


67 Backcasting

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