Deux ouvrages (1) parus en 2009 évoquent la transition climatologique et ses conséquences sociales… mais leurs conclusions varient grandement. J’ignore si l’on pourra, à l’instar d’Isabelle Stengers, faire du « et et » afin de les concilier.


Tout d’abord la description de la situation … l’une et l’autre évoque les signes d’ores et déjà visibles du changement auquel il donne une importance capitale pour l’avenir : les modifications de T°, la perte de biodiversité, les modifications climatiques (inondations, sécheresses, typhons…) et leurs conséquences sur l’agriculture, etc…

La crise qui nous secoue aujourd’hui, sans doute superficielle, cache et révèle des ruptures qui dépassent, dans le temps, la durée même de l’histoire, comme les failles de ces plaques basses dépassent, dans l’espace, notre perception.

Les effets combinés de ces variables étant imprévisibles, Michel Serres y voit l’action de la Biogée, Isabelle Stengers celle de Gaïa.

Mais si pour Serres, il s’agit donc de donner voix à la biogée par l’intermédiaire de parlement de scientifiques, Stengers quant à elle veut amplifier le débat démocratique pour que les décisions prises par les gestionnaires politiques ne se fassent pas au détriment des populations, notamment les plus pauvres.

Qu’en penserait le spécialiste du droit de l’environnement qu’est François Ost ? Quelle connivence avec le Parlement des choses de Bruno Latour ?

Pour moi, les scientifiques qu’appellent Michel Serres sont trop souvent à la solde des intérêts économiques pour qu’on leur confie le pouvoir de décider (on le voit en ce que concerne le nucléaire ou les OGM…).

Les deux points communs des deux ouvrages sont la gravité de la situation et qu’il nous faut inventer une nouvelle manière de faire de la politique… ou plutôt de nouveaux modes de conduire l’humanité dans le monde… en sortant des intérêts nationaux, en privilégiant l’exigence de survie des générations futures. Mais j’aime comment Isabelle Stengers y imbrique les enjeux de démocratie sociale et participative… cela nous met à l’abri des fascismes verts.

(1)
Isabelle Stengers, “Au temps des catastrophes, résister à la barbarie qui vient”, La Découverte, Les empêcheurs de penser en rond – 2009

Michel Serres « Le temps des crises », Le Pommier – Collection : Manifestes – 2009

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