Que signifi e exactement améliorer une plante ? Depuis plus d’un siècle, généticiens,
sélectionneurs, biologistes, semenciers et agriculteurs s’appliquent à transformer
les plantes cultivées, mais la défi nition du progrès génétique n’est pas unique ; elle
dépend des pratiques agricoles, des itinéraires techniques, des acteurs économiques
et politiques, des usages alimentaires et plus généralement des représentations
du « vivant », du « progrès » et du « bien-être ». L’histoire de l’amélioration des plantes
n’est pas le récit linéaire de l’application de la génétique aux plantes cultivées.
Gènes, pouvoirs et profi ts retrace l’histoire des transformations conjointes
de la génétique et de la société depuis 150 ans. Trois grands régimes de production
des savoirs et des innovations émergent. Au régime de la semence domestique,
dominé par les variétés de pays, succède après la seconde guerre mondiale le régime
du progrès génétique planifi é ; chercheurs et fonctionnaires, en lien avec la profession,
produisent et régulent l’innovation variétale pour moderniser la « ferme France ».
Lorsque les modèles des décennies d’après-guerre s’effacent et que le gène s’impose
comme unité de manipulation et d’appropriation du vivant, ces régulations cèdent
la place au régime contemporain de profi t génétique mondialisé, creuset des OGM.
Cet ouvrage s’adresse à ceux que l’avenir des semences, de l’alimentation et de la
biodiversité préoccupent : consommateurs, chercheurs, agriculteurs, et citoyens
désireux de comprendre l’émergence d’un marché et d’une industrie des semences,
des OGM, des droits de propriété sur le vivant, et souhaitant débattre des mondes
possibles dont sont porteurs nos choix scientifi ques.

 Christophe Bonneuil, chargé de recherche au CNRS, est membre du centre Alexandre Koyré
de recherche en histoire des sciences et des techniques. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages
et articles sur l’histoire de la biologie, la génétique végétale et sur les transformations des rapports
entre science, nature et société.

 Frédéric Thomas, chargé de recherche à l’IRD, dans l’unité Savoirs et développement a écrit
plusieurs articles sur l’histoire de l’amélioration des plantes, le droit international de la biodiversité,
et la gestion des ressources génétiques dans le monde. Il coordonne un programme de recherche
sur les nouvelles formes de socialisation du vivant dans les pays en développement.
Tous deux sont chercheurs associés à l’équipe SenS-Inra de l’Institut francilien « Recherche,
innovation, société ».

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