Voici le programme provisoire du chantier Transition. Celui-ci sera discuté lors de la réunion préparatoire du chantier. N’hésitez pas à le commenter dès à présent.


I) Redéfinir la notion de prospérité, à partir du livre de Tim Jackson, Prospertity without Growth, qui sera prochainement traduit par Etopia et publié aux Editions De Boeck, mais déjà consultable dans sa version anglaise à l’adresse suivante : http://www.sd-commission.org.uk/publications/downloads/prosperity_without_growth_report.pdf. Si un concept à la fois plus global et réaliste de prospérité parvient à émerger, comment le rendre opérationnel ? Dans le sillage de la Communication de la Commission européenne sur les indicateurs alternatifs (http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do?uri=COM:2009:0433:FIN:FR:PDF ) et du rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social (ou Commission Stiglitz – Sen – Fitoussi : http://www.stiglitz-sen-fitoussi.fr/fr/index.htm ), quel appareillage statistique est-il le plus adéquat pour guider, soutenir et évaluer la nécessaire transition économique ?

II) Réexaminer le découplage : la croissance de la productivité énergétique de ces dix dernières années n’a pas suffi, ni en Belgique ni ailleurs, à diminuer le niveau d’émission absolu de CO2. Au-delà des innovations technologiques et du découplage qu’elles promettent, quelles démarches d’autosuffisance et de démarchandisation sont-elles à la fois possibles et nécessaires ? Comment ont-elles été pensées dans les politiques publiques jusqu’à présent (quartiers durables, alimentation durable, réduction du temps de travail) ? Quels obstacles doivent-elles surmonter ?

III) Concilier les logiques de réorientation des comportements et d’écofiscalité avec des impératifs, non seulement d’équité, mais aussi de respect des droits et libertés, et particulièrement du droit à la vie privée (notamment dans la mise en place d’une taxation au kilomètre, ou de puces dans les poubelles à Andenne) : comment éviter que les dispositifs d’incitation et de taxation ne participent de l’émergence d’une société de contrôle ?

IV) Approfondir l’approche « genre » en matière de transition : comment penser la nécessaire extension de la sphère autonome sans qu’elle ne renforce la reproduction des stéréotypes et rôles genrés ? Comment développer une politique d’emploi et formation proactive qui évite de reléguer les hommes dans les nouveaux emplois verts et les femmes dans les métiers du « care » – en croissance du fait notamment du vieillissement démographique ?

V) Les acteurs privés de la transition : quel rôle pour les acteurs de l’économie sociale dans la transition vers une économie verte ? Une rencontre autour du sociologue Jean-Louis Laville qui nous rendra visite au cours du mois de janvier et/ou février à l’occasion des Rencontres du Nouveau Monde.
( http://www.lise.cnrs.fr/spip.php%3Farticle90.html ).

VI) Le rôle de la recherche dans la transition : en quoi les évolutions du champ de la recherche, et son organisation de plus en plus concurrentielle, constituent-elles des facteurs potentiels de blocage plutôt que de facilitation de la transition ? Quels sont les dispositifs, existants ou à inventer, qui pourraient subvertir cette logique ?

VII) La fonction de la fiscalité et des politiques macroéconomiques dans la mise en place de la transition : comment les outils macroéconomiques et fiscaux peuvent-ils à court terme contribuer à dépasser le « dilemme de la croissance » en conciliant impératifs d’équité intra et intergénérationnelle ? La notion de « simplicité volontaire institutionnelle » est-elle une notion opérationnalisable ? Ce séminaire pourra également constituer la première pierre de l’organisation d’un chantier plus global sur les politiques fiscales.

VIII) Le travail et l’emploi dans la transition : comment repenser les différents temps du travail pour substituer une proposition crédible au « travailler plus pour gagner plus » ? Comment fonder une position audible de l’écologie politique entre, d’une part, la demande sociale croissante de services domestiques (illustrés par le succès des titres-services, par exemple) et, d’autre part, le refus de la marchandisation de la sphère domestique ?

IX) les rôles des institutions culturelles et éducatives dans la modification des attitudes et comportements : si la transition doit être pilotée, elle ne se fera pas contre les citoyens. Quel rôle les acteurs institutionnalisés de la culture et de l’éducation peuvent-ils jouer dans l’accompagnement de la transformation des comportements et la « décolonisation de l’imaginaire » ? Autrement dit, comment éviter une dictature verte ou une adoption de choix écologiques qui proviendrait uniquement des mécanismes de marché ?

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